Rencontre avec la championne de la lecture de notes

Nous continuons aujourd'hui notre tour du monde des meilleurs joueurs. Aujourd'hui nous rencontrons une championne. Avec plus de 60 000 parties à son actif, nous allons aujourd'hui à la rencontre de SOURIS BANCHE. Bonjour a vous, ravi de faire votre connaissance, est-ce Mademoiselle SOURIS BLANCHE ? Madame ? Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur vous ?

Bonjour, je m’appelle Martine, je suis mariée, j’ai 65 ans et suis à la retraite depuis le 1er avril 2016. Je n’ai pas encore eu le temps de tellement en profiter, car nous avons quitté la Bourgogne en Décembre dernier pour nous installer dans la jolie Normandie. SOURIS BLANCHE est le nom que j’avais donné à mon blog pour les cours de piano, mais que je n’ai pas entretenu depuis bien longtemps.

Enchanté Martine ! Comment êtes-vous arrivée sur notre site ?

J’ai, pour ma part, découvert le site de Lire les Notes.com en septembre 2014.

C'est le 23 septembre que vous enregistriez votre première partie d'après ce que je vois.

A l’époque, je travaillais encore, et c’était pour moi toujours un rafraichissement bienvenu pendant les pauses de midi notamment, pour essayer d’améliorer ma lecture de notes entre autres, car  j’avais eu tendance à laisser la clé de Fa aux oubliettes. Je garde de ces pauses un souvenir lumineux, car, bien que restant physiquement au bureau, dans les locaux de l’employeur, j’avais vraiment l’impression de sortir la tête des soucis du travail.

La clef de Fa ? Pour quel instrument en aviez-vous besoin ?

Pour les cours de piano avec Monsieur COLIN, car si j’avais pratiqué la flute traversière les 15 années auparavant,  j’avais, pour ainsi dire, tout oublié de la clé de FA, la flute privilégiant la lecture en clé de SOL. Mon premier instrument  étudié avec un vrai professeur était la flute traversière.

Premier instrument ? Ça laisse entendre qu'il y en a plusieurs... Pouvez-vous nous parler de votre parcours de musicienne ?

Mais mon désir d’étudier la musique remonte à très, très loin dans mon enfance. Je pense que j’ai toujours eu ce désir, mais dans l’enfance, je n’ai jamais pu le concrétiser. Je n’ai même jamais parlé de cela à mes parents, de peur de ne pas être comprise car ils avaient leur vie, leur travail, et la musique leur aurait peut-être paru tellement superflue.

C'est dommage... Quand avez-vous pu vous y mettre ?

C’est quand, à 17 ans, je suis entrée pour la première fois dans le monde du travail que j’ai commencé à penser jouer d’un instrument. En fait, je passais pour aller au travail, devant un petit magasin de musique et, tous les matins, je m’arrêtais devant la vitrine, en « zieutant » une guitare, bien modeste, mais ce fut ma première guitare. Vu le prix, c’était, je ne vous le cache pas, une véritable casserole. Je suis restée un bon moment à passer tous les matins, en la regardant, et me disant : je ne sais pas jouer, à quoi bon l’acheter ?

Comme celui qui se demande pourquoi acheter un vélo alors qu'il ne sait pas faire de vélo ?

Voila c’est çà, et puis un jour, je me suis dit « stupide que je suis, pour savoir, il faut d’abord apprendre : on va commencer par l’acheter, la suite viendra bien ».

C'est parti !

J’ai passé quelques années, en fréquentant d’autres jeunes, à piocher des accords, à droite, à gauche, apprenant sans professeur et sans méthode. Mais j’arrivais à sortir des accords de ma guitare, accompagner des enfants qui chantaient. Puis j’ai eu une douze cordes qui m’a accompagnée lors d’un séjour en Afrique pendant 6 ans où la guitare m’a été bien utile pour accompagner  des chorales de jeunes.

On peut toujours faire de la musique sans connaître le solfège...

Oui, mais j’avais toujours, chevillé en moi, et de plus en plus, le désir d’apprendre à lire la musique car, quand je voyais une partition, que voulaient dire tous ces signes ??? C’était toujours le grand mystère pour moi, et je voyais bien que j’étais condamnée à jouer toujours les mêmes morceaux sans pouvoir progresser.

Vous atteigniez les limites...

Exactement, et comme chacun sait, il ne faut pas dépasser les limites,  mais ce souhait a pu se concrétiser, bien des années après notre retour en France, quand ma fille a manifesté le même désir.

De la musique en famille ?

En fait, nous avons eu l’opportunité, à travers les cours d’une excellente Harmonie Municipale, de suivre, non seulement les cours de solfège, mais aussi d’apprendre toutes les deux à jouer de la flute traversière. Nos quatre enfants en ont d’ailleurs bénéficié (flute traversière, trompette, buggle, cor d’harmonie), puis même le conservatoire pour le dernier.

Quelle Harmonie Municipale était-ce ?

Il s’agit de l’Harmonie Municipale de Saint-Rémy, jumelée avec la Lyre des Charreaux (un quartier de Chalon sur Saône). Ces deux harmonies se sont regroupées pour pouvoir organiser leurs écoles de musique et avoir plus de musiciens.

L'Harmonie Lyre des Charreaux est un orchestre (vents et percussions) classé en Division Supérieure de la Confédération Musicale de France. Il participe à des concerts variés en France ou à l'étranger et a collaboré avec de grands artistes (Mano Solo, François Morel, Patrick Faber, Simon Eine... etc (environ 80 musiciens quand je suis partie en 2005, peut-être une centaine maintenant).

Site internet : http://hiemun-stremy.opentalent.fr/

Tous les styles de musique y sont joués (musiques de films, nous avions joué de la musique de cirque avec de vrais artistes qui faisaient leur numéros sur le plateau, et des chants d’Edith Piaf avec un de nos amis accordéoniste).

Maintenant, je mesure le chemin parcouru, et l’immense privilège dont j’ai bénéficié en recevant ce bagage, qui, à l’époque, était absolument gratuit. Que ce soit cours de solfège, étude d’un instrument, et même prêt de l’instrument, tout était gratuit et je suis reconnaissante envers ces amis de l’Harmonie qui m’ont fait le don de ce trésor merveilleux. Je pense que ma vie serait bien triste si cette porte sur l’univers de la musique ne s’était pas ouverte pour moi.

Vous avez également pu expérimenter la musique en groupe ?

Oui, durant mes 15 ans dans les rangs de cette harmonie municipale, j’ai dû aussi apprendre à écouter les autres, compter les mesures muettes pour moi, et avoir le plaisir de faire partie de cet orchestre. Et là, c’est phénoménal. Vous interprétez un morceau, chaque instrument joue sa partie, et personne n’est inutile, même l’instrument qui semble le plus insignifiant. Vous avez l’impression de faire partie d’un corps, où chaque organe, même le plus caché, a son rôle à jouer. C’est spécial comme impression.

La sensation de faire partie d'un tout.

La musique crée des liens. Et ce que je trouve aussi fascinant et merveilleux, c’est que ce langage musical est compréhensible par des personnes de langue et de culture différentes. Rien que ce dernier petit détail me semble génial, la musique est un langage universel.

J'ai cru comprendre que cette expérience faisait partie du passé, que s'est-il passé ensuite ?

En fait, j’avais toujours l’envie, bien cachée en moi, de découvrir le piano. Et je n’osais même pas en parler et puis, un soir, en fin de répétition, j’ai dit à mon professeur de solfège, un monsieur très sympathique : « tu sais, Claude, j’ai envie d’apprendre le piano ». Il ne s’est pas moqué de moi, mais il m’a fait cette réponse : « vas-y, Martine, fonce, n’attends pas d’être à la retraite, vas-y pendant que tu en as le désir ». Lui n’avait pas réussi et le regrettait beaucoup.

Nous en sommes à votre troisième instrument il me semble ?

Oui, parce que j’ai trouvé un professeur de piano. Mais au bout de trois ans, j’ai dû me rendre compte que je ne progressais pas. Il n’y avait aucun planning d’apprentissage, pas d’objectifs, etc… J’étais très déçu, mais non découragée.

Il est toujours délicat de trouver le professeur qui correspond à ce que l'on cherche et ce dont on a besoin, ça ne fonctionne pas toujours...

J’ai donc décidé de regarder ailleurs. J’ai cherché sur internet et j’ai trouvé la méthode Colin. Depuis mai 2009, je suis ces cours sous les conseils de M. Jean-Marie COLIN. Il a inventé une pédagogie qui lui est propre, composant absolument tous ses morceaux. Il a été primé quatre fois au concours Lépine pour sa méthode de piano par correspondance, ce qui n’est pas banal.

Effectivement, ce n'est pas banal...

Quand on entend parler de cours de piano par correspondance, on se dit que ce n’est pas possible, et pourtant, avec des livres et des CD, ces cours sont plus enrichissants qu’avec la présence physique d’un professeur qui n’a pas le don, ni les compétences pour transmettre son savoir. Des stages sont aussi organisés régulièrement pour l’enseignement en direct de techniques plus approfondies. Tous les styles de musique y sont enseignés. Je n’ai jamais regretté ce choix.

Vous me donnez envie de me pencher sur cette méthode dans un prochain article. A ce propos, comment vous servez vous de notre site dans votre pratique musicale ?

Le site de Lire-les-notes me permet d’entretenir mon niveau en lecture, pour l’écoute également, et je remercie son auteur car il a eu une idée géniale en créant ce site.

Ahah ! Merci pour le compliment !

Je n’ai pas tous les jours le temps d’y faire un tour, car le Printemps s’annonçant, il y a du travail au dehors. Et je veux aussi privilégier le piano que j’ai retrouvé avec bonheur ; un stage se profile à l’horizon fin mai et je dois être au top de la forme. J’ai perdu presque deux ans en démarches administratives, visites de la maison pour la vente, recherche d’une autre maison, etc... En effet, nous voulions nous rapprocher d’un de nos enfants pour nos vieux jours.

D'accord, vous profitez maintenant de la retraite ?

Oui et comme tout s’est calmé depuis janvier de cette année, j’ai enfin du temps pour travailler le piano. C’est absolument génial. J’en rêvais depuis des années car le travail, c’est la santé, mais ne rien faire, c’est très bien pour les musiciens toujours actifs.

C'est un sacré parcours que vous avez partagé avec nous aujourd'hui, je vous remercie pour ce témoignage.

Quand je regarde en arrière et que je contemple tout le chemin musical parcouru, je me dis que j’ai été comblée, et qu’il ne faut jamais dire jamais. Le solfège, je ne pensais jamais pouvoir l’apprendre, car, seul, c’est très difficile. Le piano, je n’osais même pas en rêver car pour moi, c’était du domaine de l’impossible. Et le jour où il est arrivé à la maison, j’étais quasi sur un nuage. Comme quoi, tout arrive.

Un dernier conseil pour les musiciens ou apprentis musiciens qui vous liront ?

Il faut simplement se dire que la musique, c’est comme les maths ou le français. Il faut s’y coller et ne pas avoir peur de ses efforts ;  vous finirez toujours par être comblés.

Merci Martine pour votre optimisme et pour le temps que vous avez passé à nous raconter tout ça. On vous souhaite bon courage dans vos efforts, amusez-vous bien lors de votre stage et à bientôt !

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